Carlo Rovelli par-delà le visible Mon article 2: Le temps n'existe pas.
Carlo Rovelli par-delà le visible
Mon article 2: Le temps n'existe pas.
https://www.amazon.fr/SCIENCE-VIE-TEMPS-NEXISTE-1024/dp/B00897F9CA
Livre de carlo rovelli par-delà le visible http://www.actu-philosophia.com/spip.php?article673 |
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http://www.cnrs.fr/publications/imagesdelaphysique/couv-PDF/IdP2011/06_Rovelli.pdf (La « théorie des boucles » est une théorie quantique pour le champ gravitationnel. Son objectif est de décrire les phénomènes gravitationnels quand leurs effets quantiques ne peuvent pas être négligés)http://www.doublecause.net/index.php?page=Carlo_Rovelli.htm (Et si le temps n'existait pas par carlo rovelli)
http://www.astrosurf.com/luxorion/temps-nexistepas.htm (Et si le temps n'existait pas?)
http://www.actu-philosophia.com/spip.php?article673 (Carlo Rovelli: Par-delà le visible)
http://www.cpt.univ-mrs.fr/~quantumgravity/ (Quantum Gravity avec
Equipe du Centre de Physique Théorique de Luminy)
http://www.wearealgerians.com/up/uploads/139910915883722.pdf (rien ne va plus en physique, l'échec de la théorie des cordes préface d'alain connes...Dieu pourrait être ou ne pas être. Ou les dieux. Pourtant, il y a quelque chose qui nous ennoblit dans notre quête du divin. Quelque chose d’humanisant, dans chacun des pas qui mènent les hommes vers la recherche d’une vérité plus profonde. Certains cherchent la transcendance dans la méditation ou la prière...)
(facebook; Gravitation quantique Par Abdelatif Djellab)
https://www.matierevolution.fr/spip.php?article3814 (Comment la physique se prépare à une nouvelle révolution conceptuelle fondamentale?)
https://arxiv.org/abs/physics/0401128 (Ruediger Vaas au-delà de l'espace et du temps: Une introduction informelle à la géométrie quantique (gravité quantique en boucle), les réseaux de spin, les trous noirs quantiques et le travail d'Abhay Ashtekar, Carlo Rovelli, Lee Smolin et autres.
http://www.pourlascience.fr/ewb_pages/a/article-la-poursuite-de-l-espace-temps-quantique-38387.php [À la poursuite de l'espace-temps quantique. L'espace et le temps émergeraient de l'intrication quantique de minuscules bribes d'information : telle est l'audacieuse hypothèse explorée par le projet collaboratif It from Qubit (https://arxiv.org/pdf/1306.0545.pdf). Clara Moskowitz]
https://perimeterinstitute.ca/people/research-area/quantum-gravity (liste des chercheurs en gravité quantique)
http://www.futura-sciences.com/sciences/definitions/physique-gravitation-quantique-boucles-8832/ (La gravitation quantique à boucles)
Site conçu dans le cadre des TPE (Travaux Personnels Encadrés) en classe de Terminale S:
http://gravitations.pagesperso-orange.fr/plan.htm
http://gravitations.pagesperso-orange.fr/boucles.htm (la gravitation quantique à boucles)
I) Introduction.
Comme je l'ai dit dans Dans mon article 1, je viens d'interrompre mes articles à propos du livre de Lee Smolin "La renaissance du temps" au chapitre 14. Je vais d'abord approfondir la question du temps avec la lecture du livre de Carlo Rovelli "par-delà le visible, la réalité du monde physique et la gravité quantique". Dans cet article 1), j'ai sauté directement à la troisième partie: espace quantique et temps relationnel. Après les rappels historiques passionnants et des explications dont Carlo Rovelli a le secret concernant la relativité et la physique quantique, leurs limites et questionnements et qui ont abouti à ce que Lee Smolin décrit comme la crise de la physique avec son "rien ne va plus en physique", nous abordons ici les mystères de la gravitation quantique dont l'ambition est de dépasser ces problèmes et limites par une nouvelle théorie qui en réalisera peut-être l'unification. En effet, affirme le site matierevolution.fr, "Aujourd’hui, notre physique est dominée par deux grands corpus théoriques : la relativité et la mécanique quantique. Malheureusement, ils semblent inconciliables, et chacun nécessite une conception du monde qui s’oppose à celle de l’autre. Ces problèmes sont particulièrement apparents lors de l’étude de l’univers primordial, des trous noirs et de la nature du vide. Les théoriciens cherchent une nouvelle théorie qui harmoniserait la physique. »
Nous avons ainsi vu dans mon article 1) au chapitre 3-3-3) que cette nouvelle théorie pourrait être la gravité quantique à boucles, qui combine la relativité générale et la mécanique quantique avec beaucoup de précaution, car elle n'utilise aucune autre hypothèse. Ces deux théories ont été réécrites pour qu'elles soient plus compatibles, mais les conséquences sont radicales. La relativité générale enseigne que l'espace n'est pas rigide et inerte, mais elle est dynamique, comme le champ électromagnétique. On l'a comparée à "un immense mollusque mobile dans lequel nous sommes immergés, qui se comprime et se tord". La mécanique quantique, elle, enseigne que tout champ est constitué de quanta, c'est à dire qu'ils ont une structure fine granulaire. Il en découle que l'espace physique étant un champ, le champ gravitationnel, est lui aussi constitué de quanta. Il existe donc des quanta d'espace comme il existe des quanta de lumière ou des quanta d'autres champs. C'est la prédiction centrale de la théorie des boucles. Cette structure atomique granulaire y trouve une formulation et une mathématisation précises qui décrivent la structure quantique de ces grains d'espace et les équations qui déterminent leur évolution, les équations générales de la mécanique quantique de Dirac appliquées au champ gravitationnel d'Einstein. Tout comme la mécanique quantique qui est plus que la seule granularite des grandeurs physiques, il faut examiner deux autres aspects.
-L'évolution de ces réseaux de spin n'est que probabiliste. La façon dont ils évoluent est fortuite et on ne peut en calculer que la probabilité.
-Nous ne devons pas penser aux choses comme elles sont, mais à la manière dont elles interagissent. Donc nous ne devons pas regarder les réseaux de spin comme des entités, une "grille" laquelle le monde (extérieur) est posé, mais comme un effet de l'espace sur les choses. C'est la leçon d'Einstein à propos de l'espace absolu de Newton. Heisenberg nous l'a aussi appris, entre une interaction et une autre, l'électron n'est dans aucun lieu ou est diffus dans un nuage de probabilités dans tous les lieux, de même l'espace n'est pas un réseau de spins spécifique, mais un nuage de probabilités sur tous les réseaux de spin possibles.
A des échelles suffisamment petites qui vont jusqu'à l'échelle de Planck (mais existe t-elle?), l'espace est un pullulement fluctuant de quanta de gravité qui agissent sur les choses, entre eux et tous ensemble. Ils se manifestent dans ces interactions comme des grains en relation les uns avec les autres dans ces réseaux de spins. Les liens entre les grains (les noeuds) ne sont nulle part, en aucun lieu. Ce sont eux, qui par leurs interactions, créent les lieux. Donc l'espace est créé par l'interaction de quanta individuels de gravité.
C'est ce que nous a appris mon article 1)
Maintenant dans ce nouvel article (article 2) nous allons revenir sur l'évolution de ces réseaux de spin qui n'est que probabiliste. La façon dont ils évoluent est fortuite et on ne peut en calculer que la probabilité. Nous allons découvrir que le temps n'existe pas.
2) Le temps n'est pas ce que nous croyons. (pages 161 à 164)
Exergue: "Nec per se quemquam tempus sentire fatemdumst semotum ab rerum motu..." Lucrèce, de rerum natura (L I, 462-463).
Lucrèce dans de rerum natura livre I (de la nature des choses: http://ugo.bratelli.free.fr/Lucrece/LucreceLaNature.pdf)"Personne, il faut l'admettre, n'a le sentiment du temps en soi" dans "le mouvement des choses"
-Dans l'article 1) sur les réseaux de spins, il n'a jamais été question du temps, la recherche en gravité quantique a tourné très longtemps autour des seules questions spatiales, sans affronter le temps. Or Einstein a montré qu'on ne peut pas séparer le temps et l'espace, mais qu'il faut les penser ensemble comme un tout unique, l'espace-temps. Nous allons donc maintenant ramener le temps dans le sujet, comme cela s'est produit au cours de ces 15 dernières années. L'espace, contenant inerte et amorphe des choses, disparaît de la physique avec la gravité quantique. Les choses devenues des quanta, ne résident plus dans l'espace, mais comme on l'a vu dans mon article 1), elles résident les unes dans le voisinage des autres et l'espace est le tissus de leurs relations (de voisinage). De la même manière, il faut aussi abandonner l'idée de temps comme flux inerte le long duquel se déroule la réalité, flux continu qui s'écoule et au cours duquel se produisent les phénomènes. De la même façon que l'espace n'existe plus (les quanta d'espace ne sont pas dans l'espace), de la même façon, le temps n'existe plus (les quanta de gravité n'évoluent pas dans le temps). C'est le temps qui naît comme conséquence de leur interaction. C'est ce que traduit l'équation de Wheeler-DeWitt qui ne contiennent plus la variable temps. Déjà en relativité générale, le temps apparaissait comme un aspect du champ gravitationnel. Mais en négligeant les quanta, on pouvait encore penser l'espace-temps de façon "conventionnelle", comme le cadre ou la "tapisserie" se déploie l'histoire temporelle du reste de la réalité, même si cette tapisserie est courbe. Mais dès qu'on tient compte de la mécanique quantique, le temps, qui doit avoir les aspects d'indétermination probabiliste quantique, de granularité et de relation, communs à toute la réalité, devient un temps tellement différent de tout ce que nous avons jusque là appelé "temps".
- Le temps n'est pas ce que nous croyons.
La relativité générale a commencé à modifier l'idée commune que nous avons du temps depuis plus d'un siècle. Avant qu’Einstein ne présente au monde la relativité restreinte, en 1905, et la relativité générale dix ans plus tard, l’univers était simple : dans une boîte, l’espace, s’écoule le temps -le même pour tous. A l’intérieur on trouve de la matière, sur laquelle agissent des forces - la gravité, par exemple. Ces quatre concepts sont vus comme indépendants. « L’apport d’Einstein, c’est de dire qu’ils doivent être unifiés », résume Thibault Damour, spécialiste de la relativité générale et auteur de Si Einstein m’était conté. Aujourd'hui, l'inadéquation de nos préjugés est fréquemment vérifiée en laboratoire. Le temps ne passe pas de façon égale dans le monde. Dans certains lieux, il s'écoule plus vite ou plus lentement que dans d'autres. La théorie de la relativité générale a montré que le temps passe plus vite à plus haute altitude: "Depuis longtemps, les scientifiques avaient démontré ce curieux effet entre la Terre et l’espace, mais des physiciens viennent de mesurer cet effet dans le quotidien sur une différence d’altitude de seulement 33 cm, démontrant qu’on vieillit un peu plus vite quand on se trouve deux marches plus haut ! Que ceux qui habitent en montagne se rassurent, la différence est bien trop faible pour qu’on puisse le percevoir directement. Il s’agit seulement d’environ 90 milliardième de seconde de plus au cours d’une vie de 79 ans". Mais l'effet existe, il y a bien une différence réelle. Le temps ne fonctionne pas comme nous le pensons habituellement. "Nous ne pouvons pas penser le temps comme s'il s'agissait d'une grande horloge cosmique qui scande la vie de l'univers". Le temps universel newtonien est remplacé par un temps local: chaque objet dans l'univers a son propre temps et ce qui détermine ce temps, c'est le champ gravitationnel.
Ainsi, "Einstein aurait pu réellement bouleverser notre conception du temps il y a un siècle, mais ce bouleversement n'est pas entré dans les esprits, seulement dans nos GPS. Il n'a pas changé notre conception du monde, il n'a même pas été réellement pris au sérieux par les physiciens, ce qu'Einstein lui-même faisait remarquer à son ami Besso peu avant sa mort. Il a fallu attendre le début de notre XXIème siècle, avec Antoine Suarez et les résultats des expériences qu'il a fait faire à l'équipe de Nicolas Gisin" [...] En 2001, son équipe a reproduit et étendu la fameuse expérience d’Alain Aspect de 1982 qui avait mis en évidence la non localité, c'est à dire le constat que des phénomènes en mécanique quantique pouvaient être indépendants de l’espace. En effet, aucune communication entre deux objets très distants (ici des particules jumelles) n'était nécessaire pour qu'ils se comportent comme le même objet. Si l'on prend par exemple l'image d'un dé, tout se passait comme si les particules formaient à l'origine un seul dé dont on pouvait déduire la face cachée (pas encore lue) de sa face visible (lue), sauf qu'avec les particules les numéros ne se forment que lors de leur lecture [...] La conclusion tirée de cette expérience est que compte tenu de l'inversion chronologique constatée, l'information ou coordination qui était à l'origine de la corrélation entre les deux photons et qui n'est apparue qu'au moment de la mesure n'a pas pu transiter comme un signal fantôme de l'un vers l'autre. Elle était donc non seulement indépendante de l'espace mais aussi du temps.
voir http://www.doublecause.net/index.php?page=Antoine_Suarez.htm (antoine suarez, Le physicien qui a enterré le temps).
Certes à l'heure actuelle, on se familiarise de plus en plus avec le temps Einsteinien et le temps local, mais ce dernier ne fonctionne même plus quand on prend en considération la nature quantique granulaire du champ gravitationnel. Les faits quantiques ne sont plus ordonnés par un écoulement du temps sur les très petites échelles, de l'ordre de celle de Planck. Cela ne signifie pas que tout est immuable et que rien ne change, mais au contraire, cela signifie que que le changement est partout, mais les processus élémentaires ne peuvent plus être ordonnés en succession d'instants comme dans la vie courante où tout se passe comme si un chef d'orchestre battait une mesure universelle qui rythme les événements. Dans l'infiniment petit, chaque processus élémentaire "danse" indépendamment de ses voisins, en suivant son rythme propre. L'écoulement du temps est interne au monde. Il naît dans le monde à partir des relations entre des événements quantiques qui sont eux-mêmes le monde et et qui déterminent leur temps propre. Nous allons maintenant essayer de comprendre ce que peut signifier l'inexistence du temps.
3) Le pouls et le luminaire.
Nous sommes habitués, voire conditionnés à utiliser la variables temps que l'on trouve dans presque toutes les équations de la physique classique. Cette variable est traditionnellement notée t. C'est Galilée le premier qui a compris que les mouvements des objets sur Terre pouvait être décrit par les mathématiques et par des équations pour des fonctions du temps telles que x(t) position d'un objet, A(t) amplitude d'oscillation d'un pendule, T(t) température d'un corps ... "La célèbre expérience de la chute des corps depuis la tour de Pise est bien connue (il est probable qu'en fait, Galilée n'a jamais fait cette expérience depuis la tour de Pise), son objectif consiste à mesurer le temps de chute de corps de différentes masses et de différentes natures. Galilée arriva à la conclusion (aujourd'hui classique), que ce temps de chute est le même pour tous les corps, quelque soient leur poids, leur taille et leur nature. En d'autres termes, la vitesse de chute libre est la même pour tous les corps. Cela allait clairement à l'encontre de l'intuition, et Galilée l'expliquait par un raisonnement simple par l'absurde : Supposons qu'un corps plus massif tombe plus vite qu'un corps léger, alors, si on attache à l'aide d'une ficelle une grosse pierre et une petite et qu'on les lâche, la grosse pierre devrait être ralentie dans son mouvement de chute par la petite qui à priori tombe moins vite. Donc le couple petite pierre + grosse pierre tombe moins vite que la grosse pierre toute seule. Or, le couple petite pierre + grosse pierre est plus lourd que la grosse pierre toute seule, et donc devrait en fait tomber plus vite, ce qui est en contradiction avec ce que l'on a dit plus haut en appliquant un autre raisonnement fondé sur la même hypothèse. Cela est donc incohérent, et notre hypothèse de départ est fausse". C'est avec ces intuitions et avec l'utilisation des mathématiques que Galilée a fait basculer la physique dans l'ère moderne.
Les équations de la physique disent comment ces variables x, A, T changent avec le temps. La première loi physique terrestre trouvée par Galilée décrit comment un objet tombe sur Terre, c'est à dire comment sa hauteur x au-dessus du sol varie au cours du temps t. L'équation du mouvement est: x(t) = 1/2at². Pour découvrir et vérifier cette loi, Galilée avait besoin de deux mesures:la hauteur x de l'objet et le temps t. Il avait donc besoin d'un un instrument de mesure du temps: une horloge: "A dix-neuf ans, dans l'église de Pise, debout dans son pourpoint de velours, son petit nez criblé de taches de son, levé vers une lampe qui pend de la voûte, Galilée semble distrait: par moments les portes claquent et la lampe se balance au bout de sa chaîne, parfois un peu largement, parfois très faiblement. C'est curieux! il semble à Galilée que les oscillations durent toujours le même temps. Décidément, il n'écoute pas un mot du sermon. Une deux, une deux, il mesure le temps aux battements de son pouls( les montres alors étaient rares....)." "Mais ce sera à Christiaan Huygens (1629-1695), savant et mathématicien hollandais, que reviendra le privilège de construire en 1657 la première horloge viable, réglée par un pendule". Mais on ne peut qu'être perplexe en écoutant cette légende. Comment Galilée pouvait t-il savoir que ses propres battements avaient tous la même durée, d'autant plus qu'il était ému. Ce n'est que quelques années après Galilée que les médecins ont commencé mesurer les battements du pouls de leurs patients en utilisant leur montre, qui n'était pas autre chose qu'un pendule. Alors, nous utilisons des battements pour nous assurer que des battements sont réguliers. N'est-ce pas un cercle vicieux? Qu'est ce que cela signifie? Cela signifie qu'en réalité nous ne mesurons jamais le temps et soi, mais des variables physiques comme les oscillations d'un pendule ou des battements de coeur etc..... Nous comparons seulement les variables par rapport à une autre, nous mesurons A(B), B(C), C(A) et ainsi de suite. Nous mesurons le nombre de battements du coeur pour chaque oscillation du pendule, le nombre de clics du chronomètre par rapport à l'horloge du clocher etc...C'est par utilité qu'on imagine qu'il existe une variable t, qu'on appelle le "vrai temps", même si on ne peut pas le mesurer directement. Les équations pour les variables physiques sont écrites par rapport à ce "t" inobservable. Elles disent combien les choses changent en "t", c'est à dire, par exemple, combien de temps prend chaque oscillation du pendule ou chaque battement cardiaque. On peut alors calculer de combien les variables changent l'une par rapport à l'autre. Par exemple, combien de battements comporte une oscillation du pendule et confronter cette prévision avec les observations. Si les prévisions sont justes, on peut en déduire que ce schéma conceptuel est bon et en particulier qu'il est utile de d'introduire la variable temps t, même si on ne peut pas la mesurer directement. Cela signifie que l'existence de la variable temps t est une hypothèse et non le résultat d'observations. La légende a retenu que c'est dans la cathédrale de Pise que Galilée a eu son intuition en observant les lentes observations d'un gigantesque luminaire, encore suspendu là aujourd'hui.
Mais c'est Newton avec son temps newtonnien qui a compris comment utiliser cette hypothèse; il a éclairci et mis au point ce schéma. Il affirme que si nous ne pouvons pas mesurer le"véritable" temps t, mais que si nous supposons qu'il existe, nous pouvons construire un schéma très efficace pour comprendre et décrire la nature. Cela a conduit au monument qu'est la mécanique et la physique newtonienne avec sa Philosophiae naturalis principia mathematica.
Nous pouvons maintenant revenir à la gravité quantique, à son état actuel et à l'assertion "le temps n'existe pas". Cette assertion signifie en fait que le schéma qui a inauguré la démarche scientifique avec Galilée et qui a abouti à la physique newtonienne ne fonctionne plus quand on s'approche des dimensions de Planck. Nous devons alors renoncer à ce schéma, car l'idée d'un temps t qui s'écoule en soi et par rapport à quoi tout le reste évolue, n'est plus une idée efficace à l'échelle de Planck. Le monde n'y est pas décrit par des équations d'évolution dans le temps t. Que pouvons-nous faire alors? Carlo Rovelli suggère de nous limiter à lister les variables, A, B, C... qui sont effectivement observées et écrire les relations entre ces variables. Ce sont les équations A(B), B(C), C(A)... que nous observons en fait, alors que nous n'observons pas les relations A(t), B(t), C(t)...Pour revenir à l'exemple du pouls et du luminaire (de Galilée), nous n'aurons pas le pouls et le luminaire qui évoluent dans le temps, mais des équations qui nous disent comment chacun évolue l'un par rapport l'autre. Elles ne parlent pas du temps t de chaque phénomène, mais elles disent directement combien il y a de battements de pouls durant une oscillation du luminaire, sans parler de t. Une nouvelle physique sans évoquer temps est nécessaire pour penser le monde d'une nouvelle manière, non d'une chose qui change avec le temps. En effet, les choses changent seulement les unes avec les autres. L'impression qu'il existe un temps qui s'écoule n'est qu'une approximation que nous "sentons" à nos échelles macroscopiques et qui vient du fait que nous observons le monde que d'une manière grossière.
Dans le monde que décrit la théorie, il n'y a pas d'espace que qui "contient" le monde, ni le temps qui nous est familier, au cours duquel se produisent les fait. Mais on trouve des processus élémentaires où des quanta d'espace et de matière interagissent sans arrêt. Nous avons l'illusion d'un espace et d"un temps continus qui est due à la vision floue de ce pullulement de processus élémentaires. Une image peut en être celle d'un lac limpide formé par la danse effrénée de myriades de molécules d'eau...
Tout cela me fait réfléchir aux idées du temps que des penseurs tels que Henri Bergson, Alfred North Whitehead exprimées dans le livre de Rupert Sheldrake "réenchanter la science" aux éditions "j'ai lu", en particulier au chapitre 4 "La matière est-elle inconsciente -page 184", voir le paragraphe "événement et durée" page 201. Whitehead, dont Bertrand Russel fut l'élève, a écrit avec lui "les Principia Mathematica", une des oeuvres majeures de la philosophie des mathématiques, (1910-1913). Whitehead développa ensuite une théorie de la relativité qui faisait des prédictions quasiment identiques à celles d'Einstein. Il fut le premier philosophe à intégrer les implications radicales de la physique quantique. Il a vu que "la théorie quantique (théorie de la matière-onde) détruisait notre perspective essentiellement spatiale des corps matériels, vus comme des objets existant à certains moments dans le temps mais sans temporalité inscrite en eux. Selon la physique quantique, chaque élément premier de la matière est un système organisa de flux vibratoire." (note 29 page 553). Pour Whitehead, une onde n'existe pas à un instant (t) mais s'inscrit dans le temps; chaque vibration relie le passé et l'avenir. le monde physique n'est pas fait d'objets physiques, mais de véritables entités ou événements, c'est à dire de quelque chose qui arrive, qui a un devenir et qui n'a pas le temps hors de lui, mais en lui. Ce n'est pas une chose, mais un processus. Whitehead écrivait: "Un événement, en se réalisant, déploie une forme qui exige une durée impliquant un écart de temps défini, et pas simplement un moment instantané (note 29 page 553 cité dans Griffin). Cela conduit à la conclusion à laquelle Bergson était déjà arrivé: il n'y a pas de matière intemporelle, les objets physiques sont des processus qui ont en eux le temps, une durée interne. La physique quantique montre qu'il faut un temps minimum aux événements, parce que tout est vibratoire et qu'une vibration ne peut être instantanée. Les éléments fondamentaux de la nature, photons et électrons inclus, sont temporels aussi bien que spatiaux. "Il n'est aucune nature dans un instant" (note 30 page 553).
Chez Whitehead, on trouve ensuite une vision peut-être plus étonnante et originale, la relation corps-esprit envisagée comme un relation s'inscrivant dans le temps. Ordinairement, on la conçoit comme une relation spatiale: l'esprit se situe dans le corps alors que le monde physique se trouve au-dehors. Même du point de vue matérialiste, l'esprit est littéralement "au-dedans", au-dedans du cerveau, isolé dans l'obscurité du crâne. Il a une vie intérieure, alors que le reste du corps et le monde sont "au-dehors". Mais, à l'opposé, pour Whitehead, l'esprit et la matière sont reliés. C'est le temps et non l'espace qui est la clé de leur relation. Ce qui est réel consiste en moments, chaque moment informant le suivant. Il faut ressentir la différence entre le maintenant et les moments passés et futurs. Chaque réalité est un moment d'expérience qui devient un moment du passé quand il prend fin et devient un nouveau sujet d'expérience quand il est remplacé par un nouveau "maintenant". Le moment qui vient d'expirer devient et qui est devenu un moment du passé devient un objet pour le nouveau sujet (maintenant)... C'est ce qui fait dire à Whitehead "Maintenant sujet, ensuite objet" (note 31 page 553 cité par -Christian de Quincey). L'expérience concerne toujours le "maintenant". La matière, elle, est toujours "avant". La causalité physique, comme dans la physique classique est le lien qui va du passé au présent. Le lien qui va du présent vers le passé est la sensation, que Whitehead nomme "la préhension", c'est à dire littéralement la prise ou la saisie.
Selon Whitehead, tout événement, toute circonstance réelle est donc déterminée par des causes physiques passées (causalité physique) et par un sujet créateur et "rénovateur de lui-même" qui choisit à la fois son propre passé et ses futurs potentiels. Il sélectionne les aspects du passé qu'il intègre dans le présent à son être physique par ses préhensions et il choisit les possibilités qui déterminent son avenir. Ses souvenirs sélectifs le relient à son passé et ses choix déterminent son avenir. Et ceci, toujours selon Whitehead, concerne tous les processus tels que les événements quantiques; ils sont à la fois physiques et mentaux: ils ont une direction temporelle. Cela ne veut pas dire que les atomes ont ont la même conscience que les êtres humains, mais qu'ils ont des expériences, des émotions et des sentiments qui sont de fait plus fondamentaux que la conscience humaine. Tour événement mental est informé et conditionné causalement par les événements matériels et ceux-ci sont eux-mêmes composés d'expériences passées. La "connaissance", pense whitehead, peut advenir uniquement parce que "le passé afflue dans le présent" et lui donne forme et structure en permettant au sujet de choisir parmi les possibilités qui aident à déterminer son futur (note 32 page 553 -cité par de Quincey).
La philosophie de whitehead est difficile à suivre en particulier dans son livre Procès et Réalité. "Celui-ci fait suite à sa longue collaboration avec Bertrand Russell et qui mena à leur coécriture des Principia Mathematica
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